Sœur Helen Alford, OP – Interview pour IDI

Vous trouverez aprés le buletin de bureau de presse du Saint-Siege, une interview en exclusivité pour IDI, le bulletin de la Famille dominicaine. Présenté par p. Javier Abanto, OP

Le Saint-Père a nommé membre ordinaire de l'Académie pontificale des sciences sociales la Révérende Helen Alford, O.P., vice-recteur de l'Université pontificale Saint-Thomas d'Aquin à Rome.
Nomination de la Sœur Helen Alford, OP comme membre de l’Académie pontificale des sciences sociales

Sœur Helen Alford, OP est nommée membre de l’Académie pontificale des sciences sociales

Nomination à membre ordinaire de l’Académie pontificale des sciences sociales.
Le Saint-Père a nommé membre ordinaire de l’Académie pontificale des sciences sociales la Révérende Helen Alford, OP, vice-recteur de l’Université pontificale Saint-Thomas d’Aquin à Rome.

Bureau de Presse du Saint-Siege – 04.09.2020

Curriculum vitae

Le révérend Sor. Helen Alford, OP, est née à Londres le 1er mai 1964. Elle a obtenu un diplôme d’ingénieur en gestion à l’université de Cambridge, où elle a également obtenu un doctorat. Elle est une religieuse des moniales dominicaines de Sainte Catherine de Sienne. Elle a enseigné dans plusieurs universités sur des sujets liés à l’éthique économique et à l’histoire de la pensée sociale chrétienne. Elle a été consultante auprès du Conseil pontifical pour la justice et la paix. Elle est actuellement vice-recteur de l’Université pontificale Saint-Thomas d’Aquin à Rome. Elle est l’auteur de nombreuses publications sur la théorie du management et la responsabilité sociale des entreprises.

interview de Sœur Helen Alford, OP, en exclusivité pour IDI, le bulletin de la Famille dominicaine. – Membre ordinaire de l’Académie pontificale des sciences sociales

Sor. Helen Alford, OP en une interview pour IDI, le bulletin de la Famille dominicaine
  1. Quelle sera votre tâche principale en tant que spécialiste en sciences sociales?
  2. En vous basant sur vos recherches et votre expérience, qu’est-ce qui pourrait contribuer, d’après-vous, dans le domaine de la formation universitaire, à la Doctrine sociale de l’Église?
  3. Quelles sont les questions urgentes pour la Doctrine sociale de l’Église?
  4. La pandémie de Covid 19 place-t-elle la “prédication dominicaine” dans un nouveau scénario mondial ?
  5. Avez-vous quelque chose d’autre à dire à la famille dominicaine ?
  1. Quelle sera votre tâche principale en tant que spécialiste en sciences sociales?

C’est une bonne question ! Tous les membres de l’Académie ont une sorte de spécialisation, mais ils travaillent de manière très ouverte, en explorant des sujets et en réunissant les différentes disciplines des sciences sociales pour analyser et discuter des problèmes clés du jour, allant de la traite des êtres humains à la démocratie, en passant par l’avenir du travail et les droits de l’homme. Que puis-je apporter à ces discussions ? Je pense que l’une des choses la plus importante est mon expérience de près de 25 ans au sein de notre faculté de sciences sociales à l’Angelicum, où nous formons des étudiants dans cinq domaines principaux : La pensée sociale catholique et l’éthique sociale ; l’économie et les communications sociales ; le droit et les relations internationales ; la sociologie et la psychologie ; l’histoire et la politique. Nous ne formons pas des experts dans l’une de ces matières, mais des personnes qui comprennent les théories de base et les hypothèses philosophiques de ces disciplines, et qui peuvent s’entretenir avec des experts dans ces domaines. Notre objectif est de former des “faiseurs de changement” ou des “résolveurs de problèmes” : des personnes capables premièrement d’analyser les problèmes sociaux sous les différents points de vue de l’économie, de la sociologie, des sciences politiques, etc., et deuxièmement, sur la base d’un cadre éthique/philosophique éclairé par la foi, de synthétiser des réponses tenant compte des éclairages intéressants que les différentes disciplines sociales peuvent nous apporter. Par exemple, nous avons un programme spécial pour les migrants, appelé “STRONG”, et chaque année nous faisons un projet de recherche avec ces étudiants, pour les aider à acquérir la capacité d’analyser leur situation et de l’améliorer. Il y a deux ans, nous avons étudié la création d’entreprises par des migrants à Rome ; cette année, nous nous penchons les problèmes de santé mentale des migrants. (https://angelicum.it/academics/social-sciences/programs/) Je pense que l’Académie fait quelque chose de très similaire, et je serai en mesure de contribuer à ce que fait l’Académie en particulier en raison de mes antécédents dans l’environnement académique unique que nous avons dans notre propre Faculté dominicaine des sciences sociales ici à Rome.

  1. En vous basant sur vos recherches et votre expérience, qu’est-ce qui pourrait contribuer, d’après-vous, dans le domaine de la formation universitaire, à la Doctrine sociale de l’Église?

Let’s mention three points. Firstly, I can set up and run various programmes in the Faculty. We just mentioned the programme for migrants, which was relaunched in Dec 2018 to coincide with the signing of the Global Compacts on Refugees and Migrants, as a sign of support to Pope Francis who did so much to make those compacts happen. Another programme we hope to launch next year is aimed at spreading Catholic social thought more widely through targeted actions in solidarity with a particular region of the world. Called “CREATE” (Cst Rome Exchange: Advanced Training Experience”), it will include a special set of “Salamanca Process” scholarships which will offer Dominicans, men and women, the possibility to study for a doctorate or to do post-doc work with us, according to the approach of the “Salamanca Process” as proposed by more than one General Chapter.

Secondly, I can work on new ideas and these can feed into the university level formation of students in Catholic social thought. For instance, I recently wrote a preface to a book to be published in Mexico on how the idea of the common good can contribute to our ideas about development; I am also working a lot with a movement based in the UK called “Blueprint for Better Business” which brings the ideas of Catholic social thought into the boardrooms of big business to help them think more profoundly about the purpose of their business, and from that to start to think about how to apply principles like solidarity, subsidiarity and so on (https://www.blueprintforbusiness.org/). All these experiences can then be used to develop and renew the formation we offer in the university. Lastly, I am also involved in on-line education, through the diplomas we have with Domuni on “Social ethics” and “Catholic social thought and contemporary society” (only in Italian, for the time being at least: https://www.domuni.eu/it/offerta-formativa/pensiero-sociale-cattolico-diploma/).

  1. Quelles sont les questions urgentes pour la Doctrine sociale de l’Église?

In some ways, the urgent questions are the same as they have always been: How to defend human dignity against the many and varied ways in which it is undermined (including abortion and the other life issues)? What about the problems of workers, the slow pace of development and the need for peacebuilding? Some problems are more recent, such as those created by international finance, climate change and the migration crisis. Some are just emerging, such as the impact of artificial intelligence on society and the effects of the current pandemic.

Whatever the specific problems, however, the basic principles and approach of Catholic social thought helps us to confront them, so learning about it will help us deal with each problem as it arises.

  1. La pandémie de Covid 19 place-t-elle la “prédication dominicaine” dans un nouveau scénario mondial ?

The pandemic has created a shared painful experience across the world – a kind of “globalised grief”. In some ways, this painful experience of our common vulnerability can unite us across the divisions that we had before. At the same time, as I heard it said recently: “we are not in the same boat, but we are in the same storm”. The impact of the pandemic has been very different within our societies; often the most vulnerable workers have been the most exposed to the damage the pandemic has caused. So, our preaching needs to take into account both the shared negative experience of this crisis and the way in which it has widened social divisions between people. Then there is the impact of the pandemic on the way we preach.

Preaching during the Eucharist has been through very great changes – preaching online is not the same as preaching to a physical gathering of people! Preaching through education and teaching is also very different if done through digital means, and even if it is done with students in class, the need to wear masks at all times and maintain social distancing means that the social dynamic in the classroom is quite different. Some of these changes will not be permanent, as long as we can find a way to prevent or treat this pandemic, but the move towards using digital means for preaching and teaching is likely to continue. Perhaps such changes would have occurred anyway, but now they have been significantly speeded up.

In the Angelicum, we will be looking into some of these issues through the major research programme that we are just about to launch, called “CRISIS: Christian Responses In Solidarity to crisIS”. The various project groups will work for a year and produce their results by July 31 2021. The actual projects are in the process of being approved, but one of them, if it is approved, will look at how the pandemic has affected the religious practices of the different Christian traditions, and preaching will be part of that.

  1. Avez-vous quelque chose d’autre à dire à la famille dominicaine ?
Sor. Helen Alford, O.P. pour IDI
Sor. Helen Alford, OP

Lorsque le pape Jean-Paul II a voulu fonder l’Académie pontificale des sciences sociales en 1990, il s’est tourné vers un frère dominicain suisse du nom d’Arthur Fridolin Utz, membre de la province de Teutonie, pour solliciter sa collaboration. Ce fait historique montre l’importance de l’éthique sociale dominicaine et le rôle qu’elle a joué dans la fondation de cette Académie.

En tant que Famille dominicaine, nous avons une merveilleuse tradition de pensée et d’action sur les questions sociales. Dans les deux livres “Prêcher la justice” que Francesco Compagnoni et moi-même avons édités, nous avons pu rassembler et prendre en compte une partie de cette tradition, tant chez les frères que chez les sœurs. Je dois admettre que parfois, au cours des 25 dernières années, alors que nous luttions pour maintenir notre faculté de sciences sociales, j’ai commencé à me demander si nous, Dominicains, ne commencions pas à perdre le sens de notre mission de prédication dans la sphère sociale. C’est la raison pour laquelle Francesco et moi avons produit ces deux livres – pour enregistrer cette tradition et pour aider à la maintenir en vie. Aujourd’hui, cependant, je constate une plus grande prise de conscience, voire une sorte de réveil de l’intérêt pour la pensée sociale catholique parmi les membres de notre famille dominicaine. J’espère que la nomination de l’un de nos membres à l’Académie pontificale des sciences sociales contribuera à renouveler notre engagement.

Nos frères et sœurs africains disent : “il faut un village pour élever un enfant”, et maintenant je dirais “il a fallu la Famille dominicaine pour élever cet Académicien”. Merci pour votre aide tout au long du chemin ! Permettez-moi de remercier tout particulièrement les sœurs de ma congrégation, Sainte Catherine de Sienne de Newcastle, KwaZulu Natal, pour tout ce qu’elles m’ont donné, et les nombreuses sœurs dominicaines de nombreuses congrégations qui m’ont énormément appris. Merci aussi aux nombreux frères, en particulier dans la province anglaise et à l’Angelicum, ainsi qu’à quelques laïcs dominicains mémorables, qui m’ont aidée et inspirée.

Interview pourr IDI, le bulletin de la Famille dominicaine
par p. Javier Abanto OP

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