Chapître Général de Définiteurs
14e journée
Tultenango, le 29 juillet 2022
Les capitulaires continuent leurs travaux en commissions.
L’après-midi, Fr. David Martínez de Aguirre, OP, évêque de Puerto Maldonado (Pérou) a présenté la mission de l’Ordre des Prêcheurs dans l’Amazonie péruvienne. Notre frère a commencé en posant une question que peut-être d’autres frères se posent : Pourquoi l’Amazonie péruvienne est protagoniste ? N’y a-t-il pas d’autres lieux de mission ? En effet, l’Ordre s’occupe d’autres terres de mission dans beaucoup d’autres coins du monde. Cependant l’Amazonie a une péculiarité significative : il s’agit d’une mission que l’Église universelle a confié à l’Ordre.
Pourquoi une mission de l’Ordre dans l’Amazonie ? Mgr. Martínez répond: pour ce qui est d’hier, c’est un engagement assumé par l’Ordre devant l’Église universelle pepuis 1900; pour ce qui est d’aujourd’hui, c’est ce que nous demande le Synode spécial pour l’Amazonie; pour ce qui est de demain, parce qu’on gagne en espérance pour toute l’humanité en accompagnant les peuples originaires dans leur propre cheminement de foi.
Par rapport à hier, rappelons-nous que, en 1900, on crée la prélature territorielle. C’est une conséquence du boom du caoutchout qui a produit un énorme génocide (caché par l’histoire) pour les peuples originaires ; au Pérou on sollicita une prélature pour répondre à cette énormité. Après que l’Église eût confié à l’Ordre la mission en Amazonie, depuis 1906 la Province d’Espagne (aujourd’hui Hispania), a pris en charge, sous la supervision directe du Maître de l’Ordre, de financer la mission et d’y envoyer plus de 220 frères, dont 8 évêques.
Par rapport à aujourd’hui, le Synode de l’Amazonie, dans l’exhortation “Querida Amazonía”, insiste sur quatre conversions, quatre rêves: social, une Amazonie qui lutte pour les droits des plus pauvres, des peuples originaires; culturel, une Amazonie qui préserve sa culture avec toute la richesse que cela comporte, en défendant son patrimoine contre ceux qui prétendent le faire disparaître; écologique, le maintien de la beauté naturelle de la forêt et de ses fleuves, tellement menacés par de divers intérêts égoïstes; ecclésial enfin, la vie chrétienne des communautés.
Par rapport à demain, les peuples originaires permettent que lon pense à l’humanité depuis le temps d’hier, leurs étapes étant quelque chose de nouveau pour l’Occident, en offrant d’autres horizons pour l’humanité. Il est important de les inclure sur les tables des débats où on décide l’important. Reprendre les rapports familiaux et ceux avec la nature, avec la culture, avec la spiritualité. Les peuples originaires nous donnent l’opportunité d’offrir un nouveau horizon à l’humanité et à l’Église. Penser à la planette depuis la beauté de l’Amazonie est une opportunité pour survivre.
Ceci dit, Mgr. Martínez a reprit notre tradition dominicaine, protagonisée particulièrement par nos frères Pedro de Córdoba, OP, Antón de Montesinos, OP, et Barthélemy de las Casas, OP, qui, de l’intérieur de leur contexte colonialiste, ont réussi à renverser l’impérialisme de l’époque et à évangéliser la culture dominante. S’ils ont pu le faire, pourquoi pas nous aussi?, demande l’évêque dominicain. L’Ordre a besoin de s’impliquer davantage dans cette mission de l’Amazonie, car la Province Hispania ne peut pas toute seule mener à bien ce gros travail.
La mission de l’Amazonie a besoin de plus de frères. Pourquoi l’Ordre tout entier ne pourrait-il pas assumer cette “universalité vivante” théologique, anthropologique, biologique, ecclésiologique comme une opportunité pour la participation de toutes les Provinces ? En plus de ce que les frères apportent généreusement à la mission (17 frères collaborent actuellement dans la mission), ceux qui décideront s’ajouter à cet effort missionnaire rentreront dans une dynamique propre dont l’impact positif de la part des peuples originaires contribue à la conversion que nous demande avec force l’évangile.