Le président de la République a choisi d’entamer le deuxième jour de sa visite en Israël et dans les Territoires palestiniens par une visite de l’École biblique et archéologique de Jérusalem, qui fête cette année son centième anniversaire. Il a salué le travail de ses chercheurs, soulignant que « l’on n’est jamais vraiment libre sans l’expérience de l’altérité ».
Décidément, Emmanuel Macron a pris quelques libertés avec le programme officiel de sa visite en Israël et dans les territoires palestiniens. Le « déjeuner avec des représentants des communautés chrétiennes » prévu mercredi 22 janvier à Sainte-Anne, la maison des Pères blancs à Jérusalem, a été écourté et remplacé par une visite de la Vieille ville et de ses principaux lieux saints : la basilique du Saint-Sépulcre, l’esplanade des mosquées et le Kotel, le mur occidental de l’ancien temple de Jérusalem.
Mais le lendemain, le chef de l’État a choisi de commencer sa journée par une visite de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem (EBAF), magnifique domaine situé à deux pas de la Vieille ville – de l’autre côté de la porte de Damas – tenu par les Frères prêcheurs (dominicains) et qui fête cette année le 100e anniversaire de sa reconnaissance comme « École archéologique française ».
« L’impression qu’il avait tout son temps »
Accompagné de son conseiller diplomatique, Emmanuel Bonne, de Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient, et de Charles Personnaz, auteur d’un rapport sur le patrimoine chrétien et les écoles francophones au Moyen-Orient, qui faisaient également partie de sa délégation, le président de la République est resté « une heure et demie », rapporte le fr. Jean-Jacques Pérennès, le directeur de l’EBAF. « Il était très à l’écoute : nous avions le sentiment qu’il avait tout son temps ».
Certains des responsables religieux, qui n’avaient pas pu le rencontrer la veille, étaient également présents : ceux de la Maison d’Abraham, maison d’accueil tenue par le Secours catholique, les frères bénédictins du monastère d’Abou Gosh, les frères de La Salle, qui tiennent le Collège des Frères à Jérusalem-Est, les sœurs de la Sainte-Croix de Jérusalem, etc.
Les dominicains ont retracé l’histoire de leur école, fondée en 1890 par le père Marie-Joseph Lagrange au sein du couvent de Saint-Étienne. D’abord dédiée à l’étude de la Bible « dans le contexte physique et culturel où elle a été écrite », elle a changé de nom après que, le 20 octobre 1920, l’Académie des inscriptions et belles-lettres l’a reconnue comme « l’École archéologique française de Jérusalem » en raison de la qualité de ses réalisations dans ce domaine.
Transmettre un peu de l’humanisme français
Elle est alors devenue École biblique et archéologique française, à la fois fondation dominicaine et institution scientifique sur le modèle de l’École française d’Athènes, de Rome ou d’Extrême-Orient.
« Chacun des participants a pu montrer comment nos écoles et établissements culturels transmettent un peu de l’humanisme français et contribuent concrètement au vivre-ensemble, à la réconciliation et à la reconnaissance de l’autre en Israël et dans les Territoires », raconte le frère Jean-Jacques Pérennès. La veille, le président de la République avait annoncé le lancement d’un « nouveau fonds » destiné au financement des écoles chrétiennes au Moyen-Orient.
Avant de partir, le chef de l’État a tenu à visiter la bibliothèque, utilisée par les étudiants en sciences bibliques ou désireux de se spécialiser en archéologie, en histoire et géographie du Proche-Orient. Les dominicains lui ont également montré leur grand projet du moment : la « Bible en ses traditions », un site Internet collaboratif qui permet, en cliquant sur un passage du texte biblique, de découvrir nombre d’éclairages sur les milieux qui l’ont vu naître, les auteurs, les premiers destinataires comme sur les effets de sa réception dans la théologie, la littérature, les arts…
« Le président de la République nous a tous fortement encouragés, reconnaissant que le contexte était difficile », note Jean-Jacques Pérennès. « En conclusion, il a eu cette phrase : ’on n’est jamais vraiment libre sans l’expérience de l’altérité’ ».
Depuis un accord passé entre François Ier et Soliman le Magnifique, la France conserve un rôle de protectrice des communautés et établissements catholiques d’origine française en Terre Sainte. Aujourd’hui encore, une quarantaine de congrégations – et environ 130 établissements éducatifs, de santé ou d’accueil – sont définies comme étant « sous protection française ».