Frère Mike, la Famille Dominicaine -en particulier dans les pays les hispanophones- sera heureuse de recevoir une nouvelle contribution à Justice et Paix avec ce livre. Peut-on encore dire qu’il y a des Dominicains qui se consacrent à la défense des plus vulnérables ? Où les trouve-t-on et qui défendent-ils ?
Il reste tant de Dominicains très dévoués à la défense des plus vulnérables – trop nombreux pour les énumérer ici. Dans les articles du livre dont Sr Tina et moi-même sommes les auteurs, il y a un compte rendu complet de ce que font les Dominicains, et on constate qu’ils s’impliquent de plus en plus en profondeur. En voici quelques exemples récents :
- La défense permanente des droits fonciers de la population en République dominicaine par le frère Miguel Angel Gullon, O.P., et la famille dominicaine. Radio Seybo, dont le frère Miguel Angel est le directeur, a récemment reçu un prix pour la défense des droits de l’homme à travers les médias en Amérique latine et dans les Caraïbes.
- La famille dominicaine aux Philippines contesta le gouvernement pour son implication dans des exécutions extrajudiciaires, ce qui a conduit le frère Victor Calvo, O.P., à recevoir des menaces.
- La prise en charge des enfants vulnérables et la lutte pour leurs droits : enfants des rues en Inde, jeunes prisonniers en Côte d’Ivoire, enfants exploités dans les mines artisanales de la République démocratique du Congo, enfants victimes de la guerre en Ukraine, enfants abandonnés de migrants au Guatemala expulsés des États-Unis, dont un grand nombre a le COVID-19.
- Soutien aux familles des victimes de massacres en Colombie et efforts de médiation entre l’armée et les groupes armés.
- Soutien aux migrants vulnérables et aux victimes de la traite des êtres humains aux Philippines, aux États-Unis, au Canada, en Espagne, en France.
- Défense des droits des peuples indigènes au Pérou, Mexique, Guatemala, Brésil, Philippines, en Inde, en Indonésie.
- Lutte contre la destruction de l’environnement au Kenya, au Brésil, en RD Congo, aux États-Unis.
- Promotion du dialogue interreligieux au Caire et à Istanbul.
- Dans la plupart des pays, les Dominicains sont aux côtés des personnes pauvres et vulnérables et leur donnent les moyens de se prendre en charge comme par exemple les femmes, des personnes atteintes de surdité. Ils leur donnent les moyens de se prendre en charge en particulier dans le domaine de l’éducation.
Quelles sont les questions urgentes, abordées dans le livre, qui nous interpellent pour la prédication de la Famille dominicaine? (maintenant et à l’avenir)
La déclaration finale du Congrès énonce tous les grands défis, mais je signalerais les défis prioritaires suivants :
- Rendre la mission de justice et de paix partie intégrante de notre charisme dominicain, comme un pilier de la prédication de l’évangile. Ce n’est pas nouveau ! Chaque jour, dans notre prière du matin ou du soir, nous lisons et prions pour la justice et la paix.
- Intégrer l’enseignement social catholique et la défense des droits de l’homme dans tous les aspects de la formation de la Famille dominicaine – frères, sœurs, moniales, laïcs, associés, fraternités de prêtres, jeunes, et autres mouvements et membres de la famille.
- Promouvoir l’étude de Laudato Si commemoyen d’enseigner une écologie intégrale qui relie le bien-être des humains avec l’ensemble de la création.
- Adopter et promouvoir le Processus de Salamanque qui demande aux Dominicains, à nos institutions éducatives et nos programmes ministériels d’orienter notre étude, nos recherches, nos analyses et notre action vers la résolution des défis auxquels notre monde est confronté, créant ainsi une synergie passionnée entre notre vie intellectuelle et notre vie apostolique.
- Renforcer la présence dominicaine aux Nations unies en veillant à ce que la voix de ceux qui souffrent de violations des droits de l’homme soit entendue au plus haut niveau grâce au partage de la famille dominicaine sur le terrain, en augmentant aussi les ressources consacrées à cette mission et à des projets concrets de justice et de paix.
- Soutenir ceux qui prennent des positions prophétiques, comme nos premiers frères et sœurs, contre les structures pécheresses de pouvoir qui oppriment les gens et violent l’ensemble de la création (Jean-Paul II: Sollicitudo rei socialis 36-37)
Dans le cadre des célébrations du jubilé de notre Ordre dominicain, “Dies Natalis” de Saint Dominique, qu’est-ce que le livre apporte à notre vie ?
Alors que nous nous préparons à célébrer le Dies Natalis de notre saint père Dominique, ce livre nous rappelle ce qui l’a principalement motivé – suivre les traces de Jésus. C’est la compassion pour les souffrances qui brûlaient en lui, qui l’a conduit à consacrer sa vie et toute son énergie à écouter les gens et à toucher leur souffrance ou leur confusion. Il était toujours à la recherche de mots d’espoir qui donneraient vie aux gens. Sa théologie et ses actions n’ont jamais été abstraites. Comment pouvons-nous faire de même ?
Frère Mike, avez-vous quelque chose de spécial à dire à la famille dominicaine ?
Alors que j’arrive au terme de mon mandat après sept ans passés dans cette mission mondiale, je remercie Dieu pour le don qu’il m’a fait. J’ai rencontré tant de merveilleux frères et sœurs dominicains qui m’ont révélé l’amour et la miséricorde de Dieu. Aussi, alors que je rentre chez moi en Afrique du Sud, je voudrais remercier tous les membres de la Famille dominicaine pour leur fidèle collaboration, leur patience et surtout l’amour qu’ils m’ont témoigné au cours de ces années ! Vous m’avez rendu fier d’être dominicain !
Merci beaucoup.