Homélie par fr. Michael Hall

Le 7 août 2022
Le livre de la Sagesse est sans doute le livre le plus dominicain de la Bible.

Dans ses chapitres, nous voyons l’auteur contempler l’œuvre de Dieu dans les débuts de l’histoire du peuple d’Israël. Nous le voyons aussi à l’écoute de la culture dans laquelle il vit, une culture de grands bouleversements religieux et philosophiques, et cherchant à exprimer le sens de ces grands événements historiques afin que les gens puissent les comprendre.

Plus tard, dans le chapitre dont est tirée notre première lecture, il parlera du Logos divin, la Parole de Dieu, descendant du ciel.

Car tandis que le doux silence enveloppait toutes choses, et que la nuit était maintenant à moitié passée, ta parole toute puissante a bondi du ciel, du trône royal, au milieu de la terre condamnée, un guerrier sévère.

Pour un adepte d’au moins une des principales philosophies de son époque, ce serait de la dynamite absolue. Et c’est, bien sûr, ce concept du Logos que l’auteur du quatrième Évangile utilisera comme ouverture de son œuvre majestueuse – en nous disant que cette Parole de Dieu s’est faite chair et a habité parmi nous.

En laissant de côté le Livre de la Sagesse pour le moment, je voudrais partager avec vous un témoignage personnel de ce que c’était d’être un adolescent chrétien dans le nord de l’Angleterre au début des années 1970, alors que nous commencions à prendre conscience du Renouveau Charismatique.

Les premiers fruits de ce renouveau – avec ses racines catholiques – n’étaient pas théologiques et même pas expérientiels. Ils étaient musicaux. En l’espace d’un an, le type de chansons que nous chantions dans nos assemblées a changé. L’une d’entre elles, dont je me souviens très bien, s’appelait “Ô quel don“.

Le refrain disait : “Ô quel cadeau ! Quel merveilleux cadeau ! Qui peut raconter les merveilles du Seigneur ? Ouvrons nos yeux, nos oreilles et nos cœurs. C’est Christ le Seigneur, c’est lui !

La chanson continue : “Dans le silence de la nuit, quand le monde était endormi, la parole toute-puissante a jailli ! Il est venu à Marie, il est venu à nous, le Christ est venu sur la terre de Galilée.

Mis à part le fait que c’était l’une des rares fois où Marie était mentionnée dans nos assemblées, l’idée que la parole de Dieu bondisse a frappé mon imagination.

Imaginez ma surprise lorsque, décidant que je devais lire ces “livres de l’Ancien Testament” que les catholiques semblaient considérer comme importants, là, vers la fin du Livre de la Sagesse, j’ai trouvé le verset que la chanson citait. Car tandis qu’un doux silence enveloppait toutes choses, ta parole toute puissante a jailli du ciel, Imaginez ma grande surprise en découvrant que le verset se poursuivait ainsi il a bondi du ciel au milieu de la terre condamnée, un guerrier sévère.

Et imaginez encore ma surprise, mes frères et sœurs, de découvrir cette semaine que pendant 45 ans, j’ai mal interprété ce verset.

J’étais tellement excitée de trouver ce verset que je ne l’ai pas lu dans son contexte. Je pensais que l’auteur méditait sur la traversée de la mer Rouge et que la parole de Dieu jaillissait pour défendre les Israélites contre les armées de Pharaon.

Ce n’est pas le cas. Ce verset, et en fait les versets qui forment notre première lecture, ne sont pas une méditation sur la Mer Rouge, mais sur la Pâque, sur la sollicitude de Dieu pour les enfants d’Israël au milieu de leur persécution et de leur rejet par les Égyptiens

Exode 12 nous dit que l’Éternel lui-même traversera le pays pour égorger les premiers-nés, passant au-dessus des maisons dont les cadres de porte sont marqués du Sang de l’Agneau. L’auteur de la Sagesse, en méditant là-dessus, nous dit que c’est la Parole de Dieu qui fait cela, elle bondit, l’épée à la main.

D’après ce que j’ai compris, la première lecture à la messe du dimanche est là pour fournir le contexte de l’Évangile. Nous pouvons certainement voir que la Sagesse donne à l’Évangile d’aujourd’hui ce contexte plus large.

Jésus dit à son petit troupeau de ne pas avoir peur, car le Père leur a donné le royaume. Ils doivent exercer leur foi en quelque chose qui n’est pas encore une réalité visible. En cela, ils sont le modèle des héros de l’Ancien Testament, dont parlait notre deuxième lecture. Mais ils sont aussi appelés à démontrer la foi des petits, les enfants d’Israël en Égypte, recroquevillés face à l’opposition de Pharaon, mais confiants dans les promesses que Dieu avait faites à leurs ancêtres.

Jésus dit à son petit troupeau de se tenir prêt et alerte, comme de bons intendants qui attendent le retour de leur maître. La sagesse nous parle du peuple de Dieu qui “attend le salut du juste”.

Mais comme c’est souvent le cas, ces premières lectures ne font pas que contextualiser l’Évangile, elles nous aident à y entrer plus profondément. La Sagesse nous dit : “Car dans le secret, les saints enfants du bien offraient des sacrifices et mettaient en œuvre l’institution divine.”

L’auteur de la Sagesse médite sur les enfants d’Israël offrant leurs sacrifices de la Pâque à huis clos, en obéissant à l’ordre de Dieu.

Qu’en est-il de ceux qui ont lu pour la première fois les paroles de Jésus rassemblées par St Luc ? Appelés à la foi, appelés à se tenir en alerte, eux aussi, en secret, offriront un sacrifice et s’uniront d’un seul cœur et d’un seul esprit dans l’institution divine du Saint Sacrifice de la Messe. Ils sont le Nouvel Israël à plus d’un titre.

Mais pour conclure, je pense que ce qui ressort le plus pour moi est le thème de l’exercice de la foi en période de conflit et d’opposition.

  • Les Israélites exercent leur confiance dans les promesses de Dieu et leur obéissance à ses commandements non pas dans un monde parfait, mais dans un monde de persécution et d’opposition.
  • L’auteur du Livre de la Sagesse contemple cette confiance et cette obéissance non pas dans un monde parfait, mais dans un monde où les idées religieuses et philosophiques changent rapidement.
  • Jésus dit à son troupeau de faire confiance, de ne pas avoir peur, de se tenir prêt et en alerte, non pas dans un monde parfait, mais dans un monde qui les persécutera, même si beaucoup auront faim et soif de la bonne nouvelle du Verbe fait chair.
  • Et qu’en est-il de nous, ici à Tultenango, nous qui retournerons bientôt dans nos couvents et nos différents apostolats ? Nous contemplons ces vérités de l’histoire qui nous sont présentées dans les pages de l’Écriture, et nous le faisons non pas dans un monde parfait, mais dans un monde de doute et de peur, un monde qui semble avoir rejeté le concept même de Vérité, de Veritas, qui est au cœur de la vie dominicaine.

Mais le Seigneur nous dirait : “Prenez courage !”. Notre lutte fait partie d’un noble héritage. Nous sommes dans la lignée des enfants d’Israël, des sages contemplatifs qui nous ont donné les Écritures, des saints grands et petits de l’Église primitive, et surtout de nos frères et sœurs dominicains qui ont contemplé la vérité à travers les âges – pas dans un monde parfait, mais dans des mondes très semblables au nôtre.

Fr. Michael Hall

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